Présentation

Recherche

Archives

19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 09:31

CEREMONIES COMMEMORATIVES JOURNEE DE LA DEPORTATION

Dimanche 25 avril 2010

 

Discours de

Monsieur Rémy REBEYROTTE,

Maire d'Autun,

Vice-Président du Conseil Général,

Président

de la Communauté de Communes de l'Autunois

_____________

 

 

Mesdames, Messieurs,

 

Comme chaque année, ce matin, nous nous sommes réunis parce que nous avons conscience que nos générations ne sont pas comme les précédentes.

 

A la dimension de l’Histoire, nos générations sont nées juste avant, pendant ou peu de temps après le second conflit mondial et ce qui fut un fait majeur, effroyable : l’Holocauste, les camps de concentration, de déportation et d’extermination nazis. Nos générations savent, savent d’abord que ce fut en Europe, terre de notre naissance où la civilisation nous fut enseignée : ici.

 

Nos générations savent qu’ici la barbarie pourrait revenir si nous n’exercions pas notre devoir de mémoire et de vigilance.

 

Devoir de mémoire : il y a moins de soixante-dix ans, moins d’une vie d’Hommes, rien que pour notre pays, 141000 déportés, 75000 d’origine juive, seulement 2500 survivants dont aucun enfant ; 66000 pour motifs politiques et faits de résistance ; 23000 seulement sont revenus, marqués à jamais : « ils étaient des milliers, ils étaient 20 et 100 ».

 

A Autun, plus de 160 déportés. A peine la moitié reviendra. Des familles juives, les Uninsky, les Corsia et tant d’autres, jamais revenues ; des résistants et patriotes, hommes et femmes, des jeunes comme Jean Machin, Julot Magnard, Georges Nulet, Marcel Guenin, Simone Pauchard, Jean Billard, Suzanne Lanoiselée, et tant d’autres qui n’ont jamais revu Autun et leur famille, broyée par d’autres Hommes, par la folie meurtrière, l’industrie de la mort, la bestialité organisée et systématique.

 

Ce devoir de mémoire accompagne l’arbre que nous avons planté en terre autunoise, près du plan d’eau, fin janvier, le jour anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, 65 ans après.

 

Le devoir de mémoire, ce sont les mots de Jean Ferrat, disparu il y a quelques semaines, lui-même fils de déportés.

 

Mais notre devoir  va au-delà, dans l’exercice de notre devoir de vigilance, pour porter le « plus jamais cela » de ceux qui sont revenus des camps et dire l’inacceptable.

 

Démasquez ceux qui utilisent ou recyclent les thèses de l’extrême-droite, même simplement pour des raisons purement politiciennes : ils jouent avec le feu, nient la civilisation, l’éducation, la culture humaniste et universelle, et nos valeurs républicaines.

 

Démasquons les thèses simplistes, le recul des libertés publiques, rappelons-nous de la France de l’occupation, celle qui organisa le « Vel d’Hiv » en ne faisant que son travail quotidien, sans s’occuper des conséquences des rouages d’une machine redoutable, cachée derrière les ordres et leur exécution.

 

Cette humanité, c’est la nôtre, capable du pire et du meilleur, de la pire lâcheté et de la plus grande dignité, de la veulerie ou de la résistance à l’oppression. Pour être dignes de ceux qui sont morts ou qui sont revenus des camps, nous devons en permanence résister à la haine, au rejet de l’autre, au fond combattre contre nous-mêmes : à l’enfermement, au repli, opposer la Liberté, au racisme, à la xénophobie, opposer l’Egalité, à la haine, opposer la Fraternité. Liberté, Egalité, Fraternité : ceux des camps ne sont pas morts pour rien si nous ancrons notre combat dans la République et la Démocratie.

 

Cette année, les 8 et 9 mai, nous commémorerons la fin du second conflit mondial, mais aussi les 60 ans de la Déclaration de Robert Schuman, créant la construction européenne et notamment la Communauté du Charbon et de l’Acier, entre six pays, dont la France et l’Allemagne.

 

Audace incroyable, cinq ans seulement après la haine et la barbarie. Veillons aujourd’hui à ce que le lien fort entre nos deux pays ne se détériore pas, à ce que l’idée européenne, l’Union, le projet européen, retrouvent une forte dynamique, pour la Paix, pour la démocratie, pour les valeurs républicaines, pour notre développement.

 

Il n’y aurait rien de pire que de voir naître des incompréhensions durables, de nouvelles tensions. N’oublions jamais que l’idée de la construction européenne est venue des camps ; c’est, au côté du devoir de vigilance, l’un des piliers du « plus jamais cela », sa dimension concrète et créative.

 

Je vous encore vous remercier pour votre présence, lourde de sens, et remercier tous ceux qui ont travaillé pour que, ce matin, nous puissions exercer notre devoir de mémoire et rappeler notre devoir de vigilance.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Dossiers

Liens